hygiène

La démocratisation de l’hygiène au cours de siècles

Partie de la médecine qui traite des mesures propres à conserver Ia santé en permettant l’accomplissement normal des fonctions de l’organisme et en améliorant le milieu dans lequel l’homme est appelé à vivre. Moyens et pratiques mises en œuvre pour parvenir à cette amélioration.

L’hygiène devient un sujet politique

Au XIXe siècle, avec la Révolution industrielle et l’urbanisation florissante, les instances publiques se penchent sur le problème de l’hygiène et sur sa démocratisation auprès des classes populaires. L’hygiène s’étudie, de nombreux ouvrages éducatifs se diffusent. De multiples publicités des récentes sociétés de produits cosmétiques vantent les mérites des savons. L’éducation devient une priorité et, en 1 882, l’enseignement de l’hygiène devient obligatoire dans les écoles primaires. Rebaptisés « traités d’hygiène » à la fin du XXe siècle, les manuels qui traitent des soins du corps et de la propreté des appartements se multiplient. Ils réhabilitent le bain et l’eau chaude, et mettent en avant le savon, ambassadeur de l’hygiène. L’hygiène buccodentaire fait son apparition avec la brosse à dent

Les habitudes ont la peau dure

Dès 1902, la loi d’hygiène publique réunit la propreté du corps, l’assainissement des logements et l’urbanisme. Sur le modèle de Londres, Napoléon III et le Baron Haussmann avaient élaboré sous le Second Empire le vaste plan de rénovation de Paris incluant des circuits d’adduction d’eau et un réseau moderne d’égouts. Luttant contre l’insalubrité, les grandes villes développent successivement sur ce modèle l’accès à l’eau courante et le tout-à-l’égout dans les quartiers rénovés. Cependant, malgré les progrès importants en matière d’hygiène, la majorité de la population continue à faire sa toilette dans la chambre ou la cuisine. Seule la haute société possède dans son habitation une pièce dévolue à l’hygiène du corps. Le mobilier de toilette portatif, toujours très utilisé, laisse peu à peu sa place à un mobilier fixe, relié à l’eau courante.

La naissance des bains-douches

À la fin du siècle, le bain restant onéreux, les municipalités construisent de nouveaux établissements appelés bains-douches destinés à la propreté du corps. Moins coûteuses, ces installations publiques privilégient la douche, nouvellement appliquée à la propreté plutôt qu’à des fins médicales. Elle devient ainsi le bain des classes populaires. Ces structures connaissent une importante réussite jusqu’à l’entre-deux-guerres en Europe et aux États-Unis grâce aux médecins-hygiénistes, à la presse et aux sponsors. Le développement des salles de bains privées participe au déclin des bains-douches. De nos jours, certaines municipalités mettent gratuitement à la disposition de tous, des bains-douches municipaux en cabines individuelles.

Le mobilier portatif, le tub

Venu d’Angleterre, le tub, plus maniable que la baignoire, remporte un grand succès. Pris à l’eau froide pour ses vertus tonifiantes, le tub se prend en général le matin en quelques minutes. On se lave à l’éponge, on se sèche au gant de crin ou avec un linge un peu rêche pour se réchauffer. On peut terminer avec quelques exercices physiques.

L’art et le bain

De nombreux artistes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle font des scènes de bain et de toilette leur sujet de prédilection. Dans la vague de l’impressionnisme, les peintres représentent de manière abrupte et naturelle, en toute simplicité et humilité, les pratiques de bain dans la réalité de leurs gestes quotidiens, qui vont choquer le public.

Enfance, hygiène et publicité

À la fin du siècle, l’image de l’enfance, vecteur d’avenir, est utilisée à grande échelle par les pouvoirs publics pour sensibiliser la population à la propreté du corps. Cette propagande hygiéniste trouve l’appui des grandes marques naissantes de cosmétique, qui lancent des produits spécialisés reprenant le symbole de l’enfant, pur et propre. « Bébé Cadum » fut le premier bébé à être utilisé en publicité pour faire la promotion d’un savon. Son nom vient de l’ingrédient principal utilisé dans les premiers baumes commercialisés par la société, le cade, mot provençal désignant un genévrier du midi. Le phénomène « Bébé Cadum » s’explique par l’ampleur de la campagne d’affichage et de presse menée par les créateurs, des affiches par milliers et des murs peints.